L’héritage de Shrek : Once upon a time et Grimm,
l’irruption du fantastique
Aussi évocateur soit-il, le titre ci-dessus n’en est pas
moins légèrement mensonger. En effet, cet attrait pour l’univers des contes a
donné lieu à deux lignées d’œuvres relativement distinctes :
La première, issue de Shrek,
film réalisé par Andrew Adamson et Vicky
Jenson qui ont adapté librement le conte de William Steig, s’inscrit dans une veine enfantine et plus ou moins
parodique, nous donnant à voir le pays très très lointain dans lequel se
déroulent les contes.
Parmi les œuvres s’inscrivant dans cette lignée, on peut
citer la série de romans Princesses mais
pas trop de Jim C. Hines, mettant
en scène les enquêtes de Cendrillon, Belle et Blanche Neige devenues agent
spéciaux du royaume ou La Revanche du
Petit Chaperon rouge qui voit le personnage partir au secours d’Hansel et
Gretel.
La seconde serait plutôt issue du film de Terry Gilliam, Les Frères Grimm sorti en 2005. L’approche est assez différente
puisqu’il ne s’agit plus ici d’imaginer l’univers des contes comme un univers
à part entière, semblable à d’autres mondes de fantasy, mais plutôt
comme une frontière franchie par les auteurs et mettant en contact nos deux mondes.
Les contes de fées sont alors utilisés sous l’angle du
fantastique à proprement parler (l’irruption du surnaturel dans le monde réel),
plutôt que de la fantasy.
Ainsi dans le roman Enchantement
d’Orson Scott Card, le héros est
un jeune universitaire américain d’origine russe, fin connaisseur de la
mythologie slave qui va ainsi se retrouver confronté à la Belle au bois dormant
et à la méchante sorcière Baba Yaga dont il va pénétrer l’univers.
On retrouve cette idée dans les deux séries américaines
citées dans le titre :
- dans Once Upon a Time, la fille de Blanche Neige et du Prince Charmant
a été envoyée dans notre monde pour être protégée des manigances de la reine, ignorante
de ces origines elle découvrira progressivement que les personnages des contes
de fées vivent dans une petite ville du Maine.
- dans Grimm, le héros est un détective chargé de protéger la population
des monstres de contes qui ont infiltré le monde réel.
Cette idée se retrouve également dans de nombreux romans
dont certains sont évoqués dans la bibliographie, on peut citer ainsi :
- Les sœurs Grimm de Michael
Buckley
- Petits contes à régler de Gaël
Bordet
- Peter & Max : dans l'univers de Fables de Bill Willingham,
complément de la série de comics du même auteur.
- Règlement de contes, série de BD de Damien Marie et Damien Vanderstraeten
Dans les œuvres évoquées jusqu'à présent les références aux
contes sont relativement claires, mais voilà d’autres romans qui
utilisent cet imaginaire de façon moins précise :
- La guerre des fleurs de Tad
Williams est un récit de low fantasy (roman mettant en scène la découverte
d’un monde imaginaire, Le monde de Narnia de C. S. Lewis étant l’un des
meilleurs exemples du genre) , relativement classique à première vue mais dont le
monde se base sur l’univers des fées (l’un des personnages est un
hommage non dissimulé à la Fée Clochette de J.
M. Barrie).
- Les flammes de la nuit de Michel
Pagel : un enchanteur détourne les vœux jetés par les fées sur le berceau de
la princesse Rowena et fait d’elle une sorcière indépendante et fière.
- Les chroniques de l'Imaginarium Geographica de James A. Owen : on retrouve, dans un autre contexte toutefois, l’idée
que certaines histoires ne sortent pas de l’imagination des auteurs mais
qu’elles ont été réellement vécues par eux (comme dans le film de Terry Gilliam).
Dans cet article nous avons évoqué les contes de fée uniquement sous l’angle du merveilleux et de la fantasy, il s’agit toutefois pour la plupart de récits dont la structure et la morale sont relativement intemporelles, cela fait que de nombreuses œuvres, cinématographiques notamment, vont faire allusion à ces textes qui font partie de la mémoire de l’humanité, Le Petit Chaperon rouge en particulier a donné lieu à de nombreuses adaptations qui, pour certaines, ne retiennent que la trame générale de l’œuvre et s’éloignent du merveilleux, on peut ainsi citer :
De la même façon que les contes merveilleux témoignaient de la volonté de ré-insuffler de l’irrationnel dans un monde modelé
par la philosophie des Lumières, sans doute ces nombreuses adaptations sont un
moyen de réinjecter du rêve dans un monde qui en manque parfois cruellement.
Damien Moutaux (Médiathèque la Corderie - Marcq-en-Baroeul)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire