Les héritières de Laurell K. Hamilton,
quand le policier s’invite dans la fantasy urbaine.
Si le terme anglais de fantasy
est utilisé en France, c’est essentiellement dû au fait qu’il n’y a pas
vraiment de traduction satisfaisante pour rendre compte de la diversité des thèmes
qu’elle englobe. Genre dérivé du merveilleux, elle se caractérise par l’idée
que le surnaturel est accepté comme norme.
La fantasy urbaine, sous-genre de
l’heroic fantasy, se situe à la frontière un peu floue entre le fantastique et
la fantasy. Elle se caractérise à la fois par un univers urbain contemporain et
par la présence dans cet univers de créatures légendaires et magiques. Il
s’agit d’un genre relativement varié auquel on peut rattacher des auteurs comme
Anne Rice ou Neil Gaiman. Nous nous attacherons ici à l’influence du polar sur
ce genre.
Dernier avatar en date de la
fantasy urbaine, la bit lit (sujet de l'article du 27 août dernier) est sans doute l’un des genres fantastiques qui
emprunte le plus au policier. Dans sa version adolescente, que l’on peut
qualifier de romance paranormale, la bit lit, portée par le phénomène Twilight de Stephenie Meyer, met surtout l’accent sur les relations amoureuses
entre les personnages. Le genre connaît un succès
considérable, notamment aux États-Unis, auprès d’un public adulte avec des
récits plus âpres.
Genre essentiellement américain,
il va être marqué par l’influence de la version américaine du polar, le hardboiled (=dur à cuire), dans lesquels des
détectives privés marqués par la vie enquêtent dans les bas-fonds de la société
américaine.
L’essentiel de la bit lit se situe bien entendu à des années-lumières de la qualité littéraire de Raymond Chandler ou de James Ellroy, mais l’on retrouve toutefois des caractéristiques communes. Les antihéros, devenus bien souvent des « anti-héroïnes », évoluent toujours en marge de la loi et cela même s’ils sont amenés à prêter assistance aux forces de l’ordre, ils traînent également le plus souvent un lourd passé qu’ils tentent d’oublier dans la débauche. La seule, mais notable, différence étant que ces personnages sont devenus, au choix, sorcières, vampires, lycans ou fées. Nous retrouverons ces créatures dans les quelques exemples suivants.
- Précurseur du genre, Laurell K. Hamilton met en scène, dans sa série Anita Blake (édité par Milady), une héroïne chargée de combattre les vampires et autres monstres auprès de la police de Saint Louis.
- Dans cette lignée, on peut également citer Les aventures de Jill Kismet (édité par Orbit) par Lilith Saintcrow.
- Jaz Parks (édité par Milady), personnage créé par Jennifer Rardin, est un agent de la CIA travaillant sous les ordres d’un vampire.
- Diana Rowland, quant à elle, fait de son héroïne, Kara Gillian (édité par Milady) une policière invocatrice de démons.
- Avec sa série Les sœurs de la lune (édité par Milady), Yasmine Galenorn s’éloigne encore un peu du fantastique en mettant en scène les aventures des sœurs D'Artigo, mi-humaines, mi-fées, agents de la CIA d'Outremonde.
- Les Dossiers Dresden (édité par Milady) de Jim Butcher mettent en scène un magicien détective privé.
- La série du Dernier apprenti sorcier (édité par Nouveaux Millénaires) de Ben Aaronovitch nous plonge dans un Londres hanté par les créatures magiques contrôlées par l'unité de la police londonienne chargée des affaires surnaturelles.
- Mêlant la fantasy urbaine et historique, Barbara Hambly nous propose une enquête dans le Londres du 19ème siècle sur les traces d’un tueur de vampire dans Le sang d'immortalité (édité par Mnémos).
- Le Français Johan Heliot met en scène dans Faerie thriller (édité par Mnémos) une enquêtrice issue du monde des fées.
(suite et fin le 17 septembre)
Damien Moutaux (Médiathèque La Corderie - Marcq-en-Baroeul)
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