lundi 28 mai 2012

Eragon et l’héritage de Tolkien remis en cause 3/3

L’influence des dragons asiatiques et les dragons supérieurs, avatars des forces de la nature ou des dieux :
Les dragons que nous avons évoqués jusqu'à présent, aussi puissants ou sages soient-ils, n’en demeurent pas moins des créatures de chair et de sang.
Certains auteurs, influencés notamment par les mythologies asiatiques, vont au contraire en faire des êtres particuliers navigants à la frontière entre les dieux et les hommes.

Lorsque l’on évoque les écrivains associés aux jeux de rôle, les premiers noms qui viennent à l’esprit sont ceux de Margaret Weis et Tracy Hickman, auteurs du premier cycle romanesque inspiré par Donjons et dragons : DragonLance.
Dans ce cycle, les dragons sont de puissantes créatures uniquement inféodées aux dieux et qui ne peuvent être vaincues que par les fameuses dragonlances. Ils se repartissent en deux races distinctes : les dragons métalliques voués au bien et les dragons chromatiques maléfiques.
Ces auteurs ont, par la suite, publiés de nombreuses œuvres non liées aux jeux de rôles mais dans lesquelles les dragons tenaient souvent une place particulière.
Ainsi, dans leur Cycle des portes de la mort, peut-être leur plus original à ce jour puisque l’on y trouve un mélange de fantasy, de science-fiction et d’humour, on retrouve, guidant dans l’ombre les protagonistes, des forces supérieures bénéfiques ou maléfiques incarnées respectivement par les Dragons de Pryan  et les Serpents de Chelestra.
Dans leur dernière série en date, Les vaisseaux-dragons, le monde ne pourra être sauvé que par le réveil des cinq Dragons primordiaux nés à l’aube des temps.

De même dans le Cycle de Terremer d’Ursula K. Le Guin, les dragons sont, avec les sorciers, les seuls connaisseurs du langage originel qui permet l’usage de la magie. Au terme de l’histoire, ils choisiront de rejoindre le Vent d’ailleurs où se réincarnent les âmes.


Parmi les dragons les plus mystérieux que nous ait offert la fantasy, on peut évoquer un ouvrage très particulier :
Le dragon Griaule, né sous la plume de Lucius Shepard. Cette immense créature, transformée en montagne de pierre par un magicien et sur laquelle s’est installée une ville, est présentée comme un dieu endormi mais néanmoins capable de manipuler les esprits.

 La popularisation de l’imagerie des dragons orientaux dans le grand public occidental est, paradoxalement, le fait d’un auteur allemand : Michael Ende qui, dans son roman de 1979 L’histoire sans fin, nous présente un dragon porte-bonheur au corps serpentin et à la gueule de chien chargé d’accompagner et d’aider les héros à mener à bien leur quête.

Par la suite on retrouvera ces dragons asiatiques notamment dans Dragon Ball d’Akira Toriyama, relecture très libre du Voyage en Occident écrit à la fin du 16ème siècle par Wu Cheng'en, dans lequel il s’agit d’une créature créée par le Tout puissant  capable d’exaucer les vœux ; mais également dans le Voyage de Chihiro d’HayaoMiyazaki, dans lequel Haku est un dragon, protecteur de l’esprit d’une rivière, emprisonné dans le corps d’un humain.

Créatures aux pouvoirs divins parfois convoités par de puissants magiciens, les dragons asiatiques se doivent d’être protégés et servis. Cette particularité fournit la trame de deux séries de romans plus orientés vers le jeune public :

- Eon et le douzième dragon, suivi par Eona et le collier des dieux d’Alison Goodman, dans lesquels on suit les combats d’Eona pour maitriser les pouvoirs du dragon miroir dont elle est devenue le récipiendaire.

- et enfin Liu de Carole Wilkinson, où une jeune fille est chargée de protéger les derniers dragons impériaux d’un sorcier maléfique qui souhaite s’accaparer les secrets de leurs immortalité.




Présents dans de nombreuses mythologies à travers le monde depuis des temps immémoriaux, l’image des dragons a toutefois été considérablement modifiée ces dernières décennies par les auteurs et illustrateurs de fantasy. Devenue l’une des créatures majeures du genre, elle est également l’un des seuls êtres non humanoïdes auxquels  les auteurs prêtent des sentiments humains, en faisant les héros à part entière de récits entiers.




Damien Moutaux (Médiathèque La Corderie Marcq-en-Baroeul)

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