samedi 3 mars 2012

Le steampunk dans l’animation japonaise



Du 15 au 18 mars 2012, les villes de Lille et Tourcoing vous proposent la huitième
Cette manifestation, organisée depuis 2004 par l’association "Les Rencontres Audiovisuelles", propose un panorama large et varié de l’animation sous toutes ses formes.

Mais un événement retient plus particulièrement notre attention : la célébration des 30 ans du film Akira de Katsuhiro Ōtomo. Une bonne occasion de revenir sur la carrière de cet auteur majeur de l’animation japonaise.

Né en 1954, il collabore dès 1973 au magazine Action Comics et connaît sa première consécration en 1982 avec Domu, un manga à la mise en page très cinématographique qui se détache progressivement du canon tezukien.
La même année commence la publication d’Akira, l’œuvre qui fera connaitre le manga au grand public occidental.En 1988, il bascule définitivement du manga à l’animation en adaptant Akira au cinéma.
Participant ensuite à divers projets notables (Memories, Perfect Blue,…), il fera son véritable retour en 2004 avec Steamboy.

Si ce dernier film se révèle moins marquant pour le grand public, il n’en témoigne pas moins d’une inspiration majeure de l’animation japonaise : le steampunk, dont il constitue sans doute l’œuvre la plus emblématique.
Le steampunk est une forme d’uchronie dans laquelle la machine à vapeur aurait été l'élément essentiel du développement technologique. Il s’agit à l’origine d’un genre littéraire né au début des années 1980 aux Etats-Unis avec, sans doute, La machine à différences de William Gibson et Bruce Sterling comme œuvre matrice.

Au Japon, le steampunk va se manifester de façon plus nuancée, mais néanmoins prégnante. En effet, en dehors de Steamboy qui s’inscrit totalement dans ce mouvement, le genre va s’exprimer selon deux tendances :

- La tendance victorienne et l’influence de Jules Verne
Bien que le steampunk soit un genre récent, il puise son inspiration dans la révolution industrielle et l’époque victorienne, se nourrissant au passage des écrivains de cette période et notamment de Jules Verne, qui peut quasiment être considéré comme l’ancêtre du genre. L’influence de ces auteurs et de cette période vont donner lieu à quelques œuvres majeures de la japanimation dont voici quelques exemples.

Nadia, le secret de l'eau bleue : série inspirée par Vingt mille lieues sous les mers, créée en 1990, elle constitue  un très bel hommage à l’œuvre de Jules Verne.

Sherlock Holmes : série supervisée au départ par Hayao Miyazaki (dont la passion pour les aéronefs de toutes sortes imprègne la série), les multiples inventions du professeur Moriarty sont clairement d’inspiration steampunk.
Sherlock Holmes a de plus été récupéré depuis par de nombreux écrivains du genre comme Thomas Day avec L'Instinct de l'équarisseur.

Read or die : œuvre moins connue en France, elle se décline sous de multiples formes au Japon (romans, mangas, O.A.V. et séries) et séduit par son mélange d’atmosphère steampunk et de personnages dotés d’étranges pouvoirs. On y suit les aventures des agents de la Division des Opérations Spéciales de la Bibliothèque Royale d'Angleterre chargés de maintenir la pérennité de l’Empire britannique.

- La tendance rétrofuturiste
Le steampunk s’inscrit également dans un mouvement plus vaste, le Rétrofuturisme, qui va également profondément influencer l’animation japonaise. Ce terme, inventé par Lloyd Dunn en 1983, désigne l'influence des représentations de l'avenir produites avant 1960 dans les arts créatifs, et se caractérise notamment par des anachronismes technologiques. Ce télescopage des époques et des influences donne donc lieu à de nombreuses œuvres dont voici quelques exemples.

Metropolis : ce film de Rintaro, scénarisé par Otomo d’après le manga d’Osamu Tezuka, s’inspire partiellement du film de Fritz Lang pour nous proposer un univers rétrofuturiste fascinant.


Les Ailes d'Honnéamise : long métrage sorti en 1987 qui décrit la conquête de l’espace dans le cadre d’une Histoire alternative, la technologie employée étant une extrapolation d’une évolution scientifique n’ayant pas connue la Seconde Guerre mondiale.

Last Exile : cette série crée en 2003 pour célébrer les 10 ans du studio d’animation Gonzo se déroule dans un monde semblable à notre XIXe siècle mais plus avancé technologiquement. Elle a connu un grand succès public et critique au Japon et donné lieu à une suite diffusée depuis 2011.

Vision d’Escaflowne : série proche d’un univers classique de Low fantasy : l’histoire d’une lycéenne projetée dans un monde médiéval fantastique dans lequel les guerres sont menées à l’aide d’armures mobiles géantes, et avec pour grand méchant un partisan de la science qui pourrait être une version pervertie d'Isaac Newton.

Cette évolution du steampunk, passant d’un genre très codifié à une ambiance visuelle et scénaristique plus diffuse particulièrement présente dans l’animation japonaise, se retrouve également en littérature puisque ce genre littéraire, en déclin au tournant des années 2000, semble retrouver une seconde jeunesse, notamment dans la littérature dite pour ados avec des titres comme Léviathan de Scott Westerfeld, Le Worldshaker de Richard Harland, Les Enquêtes Extraordinaires de Newbury & Hobbes de George Mann ou Incarceron de Catherine Fisher.

Damien Moutaux et Tristan Wallet (Médiathèque la Corderie, Marcq-en-Baroeul)
 

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