Du 15 au 18 mars 2012, les villes
de Lille et Tourcoing vous proposent la huitième
Cette manifestation, organisée
depuis 2004 par l’association "Les Rencontres Audiovisuelles",
propose un panorama large et varié de l’animation sous toutes ses formes.
Mais un événement retient plus particulièrement
notre attention : la célébration des 30 ans du film Akira de Katsuhiro Ōtomo. Une bonne occasion de revenir sur la
carrière de cet auteur majeur de l’animation japonaise.
Né en 1954, il collabore dès 1973
au magazine Action Comics et connaît sa première consécration en 1982 avec Domu, un manga à la mise en page très
cinématographique qui se détache progressivement du canon tezukien.
La même année commence la
publication d’Akira, l’œuvre qui
fera connaitre le manga au grand public occidental.En 1988, il bascule
définitivement du manga à l’animation en adaptant Akira au cinéma.
Participant ensuite à divers
projets notables (Memories, Perfect Blue,…), il fera son véritable retour en
2004 avec Steamboy.
Si ce dernier film se révèle
moins marquant pour le grand public, il n’en témoigne pas moins d’une
inspiration majeure de l’animation japonaise : le steampunk, dont il constitue sans doute l’œuvre la plus
emblématique.
Le steampunk est une forme
d’uchronie dans laquelle la machine à vapeur aurait été l'élément essentiel du
développement technologique. Il s’agit à l’origine d’un genre littéraire né au
début des années 1980 aux Etats-Unis avec, sans doute, La machine à différences de William Gibson et Bruce Sterling comme
œuvre matrice.
Au Japon, le steampunk va se manifester de façon plus nuancée, mais néanmoins
prégnante. En effet, en dehors de Steamboy qui s’inscrit totalement dans ce
mouvement, le genre va s’exprimer selon deux tendances :
- La tendance victorienne et
l’influence de Jules Verne
Bien que le steampunk soit un
genre récent, il puise son inspiration dans la révolution industrielle et
l’époque victorienne, se nourrissant au passage des écrivains de cette période
et notamment de Jules Verne, qui peut quasiment être considéré comme l’ancêtre
du genre. L’influence de ces auteurs et de cette période vont donner lieu à
quelques œuvres majeures de la japanimation dont voici quelques exemples.
Nadia, le secret de l'eau bleue : série inspirée par Vingt
mille lieues sous les mers, créée en 1990, elle constitue un très bel hommage à l’œuvre de Jules Verne.
Sherlock Holmes : série supervisée au départ par Hayao Miyazaki (dont la passion pour les aéronefs de toutes sortes imprègne la
série), les multiples inventions du professeur Moriarty sont clairement
d’inspiration steampunk.
Sherlock Holmes a de plus été
récupéré depuis par de nombreux écrivains du genre comme Thomas Day avec
L'Instinct de l'équarisseur.
Read or die : œuvre moins connue en France, elle se décline sous de
multiples formes au Japon (romans, mangas, O.A.V. et séries) et séduit par son
mélange d’atmosphère steampunk et de personnages dotés d’étranges pouvoirs. On
y suit les aventures des agents de la Division des Opérations Spéciales de la
Bibliothèque Royale d'Angleterre chargés de maintenir la pérennité de l’Empire
britannique.
- La tendance rétrofuturiste
Le steampunk s’inscrit également
dans un mouvement plus vaste, le Rétrofuturisme,
qui va également profondément influencer l’animation japonaise. Ce terme, inventé
par Lloyd Dunn en 1983, désigne l'influence des représentations de l'avenir produites
avant 1960 dans les arts créatifs, et se caractérise notamment par des
anachronismes technologiques. Ce télescopage des époques et des influences
donne donc lieu à de nombreuses œuvres dont voici quelques exemples.
Metropolis : ce film de Rintaro,
scénarisé par Otomo d’après le manga
d’Osamu Tezuka, s’inspire
partiellement du film de Fritz Lang
pour nous proposer un univers rétrofuturiste fascinant.
Les Ailes d'Honnéamise : long métrage sorti en 1987 qui décrit
la conquête de l’espace dans le cadre d’une Histoire alternative, la
technologie employée étant une extrapolation d’une évolution scientifique
n’ayant pas connue la Seconde Guerre mondiale.
Last Exile : cette série crée en 2003 pour célébrer les 10 ans du
studio d’animation Gonzo se déroule dans un monde semblable à notre XIXe siècle
mais plus avancé technologiquement. Elle a connu un grand succès public et
critique au Japon et donné lieu à une suite diffusée depuis 2011.
Vision d’Escaflowne : série proche d’un univers classique de
Low fantasy : l’histoire d’une lycéenne projetée dans un monde médiéval
fantastique dans lequel les guerres sont menées à l’aide d’armures mobiles
géantes, et avec pour grand méchant un partisan de la science qui pourrait être
une version pervertie d'Isaac Newton.
Cette évolution du steampunk, passant
d’un genre très codifié à une ambiance visuelle et scénaristique plus diffuse
particulièrement présente dans l’animation japonaise, se retrouve également en
littérature puisque ce genre littéraire, en déclin au tournant des années 2000,
semble retrouver une seconde jeunesse, notamment dans la littérature dite pour
ados avec des titres comme Léviathan
de Scott Westerfeld, Le Worldshaker de Richard Harland, Les
Enquêtes Extraordinaires de Newbury & Hobbes de George Mann ou Incarceron
de Catherine Fisher.
Damien Moutaux et Tristan Wallet (Médiathèque la Corderie, Marcq-en-Baroeul)
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